En guise de conclusion
Moderniser les politiques jeunesse.
par Arnaud Simion (Vice-président au Conseil départemental de la Haute-Garonne, en charge de l'Action Sociale) et Kamal Chibli (Vice-président en charge de l'Éducation, de la jeunesse et du Sport pour la Région Occitanie)
L’intervention croisée d’Arnaud Simion et de Kamal Chibli commence par deux constats :
> en Haute-Garonne, les 11-29 ans représentent 1 habitant sur 4 ;
> les jeunes de moins de 25 ans représentent même un tiers de la population à l’échelle régionale.
Pourtant, malgré ce poids démographique, les acteurs publics ne semblent pas toujours accorder une place suffisante aux jeunes. On a l’habitude de dire « quelle place doit-on leur attribuer ? » concède Arnaud Simion ; or, c’est une erreur. Il s’agit bien plus de se demander comment les aider à prendre place à partir de leurs projets. Cette remise en question amène une nouvelle logique de réflexion et d’intervention beaucoup plus axée sur l’accompagnement.
Cette nouvelle façon de faire est partagée par les deux élus. Il s’agit d’adopter une posture qui accorde davantage de confiance aux jeunes, faisant d’eux une force de proposition. Si sa collectivité est très impliquée dans la politique jeunesse, Arnaud Simion l’avoue avec humilité, son organisation présente des fragilités : Notre politique est encore trop éclatée et elle ne se fixe pas toujours d’objectifs suffisamment clairs. C’est pour cette raison que le Conseil Départemental engage une démarche ambitieuse et innovante avec les jeunes pour remettre à plat sa politique et élaborer un schéma directeur transversal.
"Nous attendons le retour des jeunes sur leurs rêves, leurs colères, leurs projets, leurs envies, leurs priorités..." - A. Simion
Cependant, il est conscient que ce plan stratégique ne suffira pas. Il ajoute une condition sinequanone à sa réussite : Il faut qu’il se fasse avec l’expertise citoyenne des jeunes. Dans ces conditions, la nécessité de rencontrer « ces partenaires privilégiés » va de soi. C’est d’ailleurs dans cet objectif que se sont déroulées des « rencontres jeunesse » sur le territoire départemental. Nous attendons le retour des jeunes sur leurs rêves, leurs colères, leurs projets, leurs envies, leurs priorités... C’est à partir de ce « cahier des doléances » que nous rédigerons un livre blanc sur lequel nous nous appuyerons pour organiser des Assises de la jeunesse à l’automne.
C’est un discours et une méthode très similaire que met en avant Kamal Chibli. Lui aussi, à l’instar de la Région, croit fortement au pouvoir de la rencontre. Lorsque j’ai été élu, j’ai demandé aux services que l’on puisse aller dialoguer avec des jeunes des 13 départements de la région. Pour lui, il est indispensable de prendre la température sur le terrain auprès de toutes « les jeunesses ». En tout, ce sont 17 réunions qui se sont tenues sur différents territoires d’Occitanie. Un même constat s’impose partout : les jeunes aiment s’engager et prendre leur destin en mains.
C’est donc en toute connaissance de cause que les acteurs institutionnels se doivent de donner davantage d’opportunités aux jeunes, et surtout de mieux les associer à la construction de leur territoire. Sans qu’il s’agisse d’une énième association de façade : Nous devons réellement prendre en considération
leurs avis afin qu’ils infléchissent les décisions politiques.
"Il nous faut donner les moyens aux jeunes d’agir et dans le même temps nous donner les moyens (nous les collectivités) d’interagir avec eux." - K. Chibli
Pour ce faire, il faut des politiques jeunesse ambitieuses, dotées de moyens pérennes, capables de financer l’accès des jeunes à la culture, à la santé, à l’emploi... mais également à même de les impliquer d’avantage. Cette dernière ambition passe notamment par un effort sur les façons de communiquer avec les jeunes : adopter une communication moderne, adaptée à ce public (les réseaux sociaux notamment) sans pour autant que les institutions ne se défassent de leurs valeurs et de leurs idéaux. Il nous faut donner les moyens aux jeunes d’agir et dans le même temps nous donner les moyens (nous les collectivités) d’interagir avec eux. Une nouvelle façon d’intervenir dans la co-construction, totalement assumée, qui implique de ne pas avoir peur de se faire interpeller par les jeunes. N’oublions pas que nous avons tous été jeunes, que nous avons tous été en colère ! conclut Kamal Chibli.
Pour aller plus loin
> Portrait sociodémographique des Jeunesses en Haute-Garonne
Ce document publié par le Conseil départemental de la Haute-Garonne vise à mettre en lumière les problématiques rencontrées par les jeunes de 11 à 29 ans et à mieux appréhender leurs besoins, à chaque étape de leur vie en tenant compte de la singularité de leurs situations, de leurs parcours, des territoires du département.
Cette ressource publiée sur le site web de la Région héberge, entre autres choses, le diagnostic sur les jeunesses en Occitanie (réalisé au 1er trimestre 2017).